Thibaut Octave
Découverte du Mont Athos au Leica M240 et M246 (1/4)
De Ouranoupoli au skite de Sainte Anne
Le périple commence à 7h ce matin-là (photo 1). Je me douche en vitesse et vérifie mon sac à dos qui sera mon compagnon de voyage pour les 8 jours à venir. Tout est là, tout est en place. Quelques vêtements, de quoi me laver et me soigner au cas où, de la nourriture, une gourde, mon ordinateur, un Leica M246 monté d’un Elmarit 90 mm f/2,8 et mon fidèle M240 doté de son Summilux 35 mm f/1,4.
Mes 4 compagnons et moi avalons un petit quelque chose en vitesse et nous dépêchons pour ne pas rater le speedboat qui doit nous emmener d’Ouranoupoli au skite de Sainte Anne (photo 2). Il nous faut d‘abord récupérer le Diamonitrion, le fameux visa valable seulement 4 jours (photo 3) pour rentrer sur le mont Athos que je devrai faire renouveler une fois sur la péninsule. On court, on s’essouffle, on monte.
Ça y est je suis installé. Les gens autour de moi sont en majorité Grecs ou des pays des Balkans. Le moteur ronfle et nous partons. Le moment que j’attends depuis des mois est enfin là. Je vais gravir la montagne puis partir à la rencontre des moines et des pèlerins ! L’excitation monte. Je vois les différents monastères de la côte ouest se profiler. Nous nous arrêtons à certains ports pour que certaines personnes descendent. Au travers du hublot le petit port de Sainte Anne se rapproche. On s’arrête. Je prends mon sac. L’aventure commence (photo ci-dessus).
Ascension du Mont Athos
De 0 à 300 m, là où est situé le skite de Sainte Anne, les moines ont creusé des marches dans la montagne (photo 5 et 6). Je n’ose imaginer combien de temps cela leur a pris. Comme ils sont là depuis plus de 1000 ans je suppose qu’ils ont pu prendre leur temps. On croise un moine à dos d’âne qui descend de la montagne avec des sacs. Les ânes sont très utiles sur l’Athos car ils permettent de transporter des marchandises aussi bien que des hommes. Les moines étant pour certains âgés je comprends tout de suite que ce moyen de locomotion est indispensable.
On grimpe les marches et on commence à suer. Il est à peine plus de 9h et la chaleur gagne du terrain, mais l’effort est agréable et la perspective d’arriver rapidement au sommet nous donne des ailes. Ce que je ne savais pas, c’est que ça n’allait pas être rapide. Nous mettrons 10h30 pour grimper les 2033 mètres.
Après environ 100 mètres de montée nous voyons apparaître le skite de Sainte Anne en hauteur sur notre gauche (photo 7). Des cordes sont tirées pour aller du skite en bas de la montagne afin de faire circuler du matériel et des provisions. La végétation est luxuriante et nous commençons à en prendre plein les yeux.
Nous voyons les différents bâtiments accrochés de-ci de-là dans la montagne (photo 8). Je comprends que tout est comme ça ici ou presque. Les jardins où l’on cultive les fruits et légumes sont en terrasses et des panneaux solaires alimentent Sainte Anne en électricité. Les moines se débrouillent pour beaucoup avec de l’énergie propre. Plus que deux cents mètres et nous serons arrivés à la première étape et aux premiers moines que je rencontrerai.
Arrivée au skite de Sainte Anne
L’arrivée au skite de Sainte Anne est encore plus incroyable que ce que je ne pensais. Le lieu est beau, plein de couleurs et une fontaine d’eau potable nous attend avec des gobelets métalliques pour nous rafraîchir (photo ci-dessus). Chaque découverte d’une source d’eau sur l’Athos est une fête. On se surprend à remplir sans arrêt sa gourde et boire en grande quantité car on a vite chaud.
Le skite est constitué d’une belle terrasse où les pèlerins peuvent passer un peu de temps, d’un réfectoire, d’un katholicon (église) et d’un lieu où dormir si l’on souhaite passer la nuit. Un moine vient nous accueillir pour nous offrir de l’eau, un petit godet de tsípouro (eau-de-vie de marc grecque) et un loukoum. Je m’attarde un peu au balcon du skite et contemple le port dont nous venons que l’on voit en bas (photos ci-dessous). Un bateau est à quai pour décharger les denrées et matériels qui seront utilisés au skite et dans d’autres endroits de la péninsule.
Nous sommes autorisés à rentrer dans l’église afin d’en observer l’intérieur. Le lieu est sombre, mais somptueux. Des sièges de bois sculptés sont disposés le long des murs. Nous regardons les fresques sur les murs recouverts par une épaisse couche de suie provenant de l’émanation des flammes des bougies. Par endroits on peut voir que les moines ont commencé à nettoyer les fresques. Je me déplace lentement dans cette église qui me décroche la mâchoire. Un lieu si petit et pourtant si… riche. Les orthodoxes aiment en mettre plein la vue, une manière pour l’église de montrer sa puissance.