Joel Benguigui
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Après plusieurs années loin de sa famille biologique, le photographe Joel Benguigui a décidé de la retrouver. Ce qui suit est le récit de son aventure :
"Mr Joel Benguigui" est inscrit sur la feuille de papier que Maria tient à la main. Clarita est à côté d’elle. Maria jette la feuille et me prend dans ses bras. C'est maintenant autour de mon frère de me prendre dans ses bras. Des larmes de joies coulent sur son visage. Je ne sais pas quoi dire tellement le moment est fort. Plus tard, il me dira qu’il n’y a pas un seul jour sans que notre mère (Maria) ait prié pour me rencontrer. Elle voulait me rencontrer au moins une seule fois avant de mourir.
Après des dizaines de mails et des heures de voyage à travers le globe, pour rencontrer ma famille biologique, depuis que Maria m’avait donné en adoption, j’avais finalement ce sentiment d’appartenance qui grandissait en moi.
Ils appellent cela « Mujizat » — miracle…
Nous passons nos premières heures ensemble à Kupang, ouest Timor. Maria, Clarita et Andi sont venus par bateau avec mon cousin Anton, le seul à parler anglais.
Nous prenons le temps de nous découvrir et nous observer, parlant de nos vies en Europe, et ici en Indonésie.
Clarita ne comprend pas tout de suite qui je suis.
Quand on pense à l’Indonésie, il est très facile de penser uniquement à Bali et ses plages. Après l’atterrissage, nous sommes allés au ‘village’ où cette partie de ma famille réside. Nous sommes loin de la ville, au milieu de la jungle. On entend le chant des oiseaux et les cris d’enfants accompagnés par le bruit des motos.
C'est un jour chargé en émotions pour nous tous. On doit déployer beaucoup d'énergie pour pouvoir nous comprendre. Les conversations vont bon train et les questions se multiplient. Il n'est pas rare de piquer du nez comme ma tante. Elle s'est laissée aller à une sieste sur la terrasse après avoir pris une collation et quelques pâtisseries.
J’ai quelques souvenirs de la rue où mon grand-oncle vivait en 2008.
Je me souviens du quartier, du terrain de foot, des arbres en fleur, et des baraques vertes réservées aux corps de l’armée.
Je me souviens de son ancienne maison et des murs couverts de vieilles photos, de croix et d’images de Jésus et de la vierge Marie. J'avais en moi ce désir si fort de ne pas vouloir en savoir plus. Non pas par manque de curiosité, mais parce que je n’étais pas prêt à affronter cette réalité.
Quelques jours avant de m’envoler pour Kupang, je rencontrais Neno, une amie de longue date et son mari Harry. C’est grâce à elle si j’ai pu retrouver la trace de mon grand- oncle Bone Bali. Il avait déménagé depuis ma première visite en 2008.
Déjà à l’époque, il avait tenté de m’aider, mais par manque d’informations, il lui était impossible de localiser Maria.
Prochaine étape, vol pour Kupang, ouest Timor.
Retrouvez la semaine prochaine la suite du récit de Joel Benguigui.