ALAIN LABOILE
AU BORD DU MONDE
ALBUM DE FAMILLE
"Sa photographie est celle de l'interaction, de la fragilité, du débordement. Il capte les moments de rien, l'imprévu comme le prévisible, l'épanouissement comme le débordement, l'imagination comme la banalité."
Julie de Corteville, Ex-Conservatrice en chef du musée français de la Photographie
Depuis 2007, Alain Laboile photographie ses six enfants dans leur maison près de Bordeaux. Lui qui ne possède qu'une seule image de sa propre enfance. Scolarisés à domicile, dans une maison sans télévision, ses six enfants évoluent en liberté dans cette famille au mode de vie original. "On a un style de vie qui interpelle beaucoup, et qui intéresse, passionne, et amène les gens à se questionner sur leur propre fonctionnement" remarque Alain Laboile. Dans la lignée de la photographe américaine Sally Mann, il guette ses moments poétiques et fugaces d'une vie réinventée chaque jour au sein de la nature qui semble primitive.
Remarqué par son compte Instagram alimenté par une abondante photographie vernaculaire, Alain Laboile a acquis une reconnaissance internationale. En décembre 2012, le New York Times célèbre son talent En 2014 la série « La Famille » rejoint la collection du Musée français de la photographie. Le travail d’Alain Laboile a depuis été publié à plusieurs reprises et exposé dans le monde entier.
Jean-Christophe Béchet, photographe et ex-rédacteur en chef de Réponses Photo nous partage leur discussion autour de la photographie.
JCB : Bonjour Alain. En parcourant votre travail, et en revoyant sur internet et sur les réseaux sociaux vos images les plus marquantes, j’ai eu envie de structurer notre discussion en six parties. Nous allons commencer par évoquer vos débuts et ensuite on va entrer dans votre œuvre à travers certains mots clefs qui me semblent bien définir votre approche photographique. Vous êtes d’accord, on part là-dessus ?
AL : Oui, tout à fait, allons-y !
JCB : A l’origine, vous êtes sculpteur. Comment se passe la découverte de la photographie ?
AL : Effectivement, j’étais sculpteur et je le reste d’ailleurs aujourd’hui. Et j’avais une autre passion, celle de l’étude des insectes, une branche de la zoologie que l’on nomme L'entomologie. J’ai acheté mon premier appareil photo pour photographier mes sculptures et pour prolonger mon expérience d’entomologiste. J’ai posté mes photos d’insectes sur des Forum Photo, elles ont été bien perçues et j’ai commencé à m’intéresser plus précisément à la macrophotographie. J’ai participé à des concours, j’ai gagné des prix, tout cela m’a encouragé à continuer…
JCB : On est alors loin des photos n&b de votre famille qui vous ont fait connaître dans le milieu photographique…
AL : C’est à partir des années 2009/2010, après la naissance de mes deux dernières filles, que j’ai commencé à tourner mon appareil vers ma famille. Je voulais garder une trace de leur regard d’enfant, de leur façon de découvrir le monde. Les réseaux sociaux étaient en train de prendre de l’ampleur, j’ai posté ces premières photos sur Facebook, et rapidement, je me suis aperçu que beaucoup de personnes s’intéressaient à mes images et s’identifiaient à ces scènes de la vie familiale prises naturellement dans un jardin, en lumière naturelle… Le succès a été assez rapide et la photographie est devenue une activité importante pour moi, presque par hasard…
MATIÈRE
JCB : Il y a aussi le choix du n&b qui est constitutif de votre style. S’est-il imposé tout de suite ? Le voyez-vous comme plus « authentique », plus intime que la couleur ?
AL : C’est vrai, la plupart des photos de mon « Album de famille » sont en n&b, mais j’ai aussi fait de la couleur. Toutefois, la photo couleur évoque pour moi une notion de surface, une surface que j'ai envie de gratter, d'éliminer afin d'atteindre la matière et pouvoir la modeler, l'équilibrer comme un élément tridimensionnel, comme une sculpture. Comme je n’ai jamais fait de photo argentique, je ne peux pas parler de la matière du film n&b, mais je ressens de façon intime la matière d’une image numérique n&b. Je vais pouvoir travailler les ombres, les textures. Et si je suis allé vers le n&b c'est aussi par souci d'efficacité, c'est pour moi plus direct, plus instinctif, plus percutant, bref plus simple que la couleur
POST-PRODUCTION
JCB : Dernière petite curiosité : Réalisez-vous vous-même votre post-production et vos tirages n&b ? Si oui, avec quels choix de papier ?
AL : Quand j'envoie mon fichier à mon labo il est prêt à être imprimé, l'image est finalisée. Je prends soin de chaque image, chacune d'elles est destinée à prendre sa place dans l'album de famille. Je délègue le processus d'impression à des personnes compétentes, je n'ai pas envie de me noyer dans des problématiques trop chronophages. Pour le papier j'utilise aujourd'hui le Canson Rag infinity 310g. Aujourd’hui je travaille avec le labo Picto.
JCB : Pratiquez-vous le recadrage ?
AL : Oui, parfois, mais je me concentre sur deux seuls ratios de cadrage, soit le 3/2 issu du format 24x36, soit le 1/1 du format carré.
JCB : En quels formats de tirage ?
Soit en 38x55 cm, soit en 76x110 cm, j’ai deux formats pour mes tirages de collection et je m’y tiens.
Vous pouvez découvrir l'ensemble de son travail sur son compte instagram Alainlaboile
Et son site Internet : www.laboile.com
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