FREDERIC STUCIN

Lauréat Coup de coeur exposition Leica "The World Within",

une initiative de Hangar Centre d'Art à Bruxelles

 

Publié le 27. janvier 2021 avec Leica S

Hangar lance la 5ème édition du Festival PhotoBruxelles, un événement dédié à la photographie qui vise à rayonner dans la ville.

PhotoBrussels Festival 05 commémorera l'année 2020 : 419 artistes en Europe ont répondu à l'Appel aux photographes européens"
lancé pendant le confinement (mars-juin 2020).

À travers vingt-sept sensibilités photographiques et/ou vidéo différentes, Hangar révèle les germes de la résilience créative humaine.
Chaque artiste présente sa vision du "monde intérieur", brisant ainsi l'atmosphère particulière de l'enfermement. Créativité, humour,
empathie, réflexion, amour, inspiration de la nature sont autant de principes qui promettent une récupération rapide et un meilleur "après".

Leica Camera France accompagne le festival en désignant avec les membres du jury, le « Coup de cœur LEICA" qui remporte un Leica Q2.
Le lauréat est FRED STUCIN pour sa série réalisée au Leica S à Paris pendant le 1er confinement.

Nous vous recommandons vivement cette exposition qui se tient jusqu’au 27 mars 2021 dans ce très beau lieu !
Une rare fenêtre ouverte sur la culture !

En savoir plus sur Hangar

Le décor

" 17 mars 2020. Je croyais connaître ma ville par cœur. En ouvrant ma fenêtre ce matin, j'ai l'impression de la reconnaître vaguement, comme un lointain souvenir.

Je sors avec mon appareil. Je me demande si ce que je cadre est réel. C'est la nuit, en plein jour. Paris est devenue un décor, le gigantesque plateau d'un tournage suspendu. Les devantures des commerces sont de faux contreplaqués, les figurants qui se bousculaient hier sur les trottoirs ont disparu. Les manèges de la Foire du Trône ne tournent plus, les cafés sont vides, les grilles partout tirées. Les pigeons qui s'envolent sur mes pas ont remplacé les hommes.

Les rares passants que je croise ne me voient pas. Tout autant que les lieux ils me semblent irréels, apparitions hypnotiques, réminiscences dans le décor de nos vies arrêtées. Chaque détail que j'observe me fait douter de ce qui a existé. Quel est ce film dans lequel nous avons joué ? Qui l'a stoppé, pourquoi ?
Va-t-il reprendre ? Va-t-il changer ? "

Frédéric Stucin est bien connu pour ses portraits d’artistes, écrivains, acteurs, hommes politiques... Représenté par l’agent PASCOANDCO pour son travail de commandes, il s’est également fait connaître sur son compte Instagram, par ses images très populaires de street-photographie, caractéristiques du Leica M. Depuis cinq années, Frédéric Stucin multiplie les résidences (Musée Niepce,Vichy, Villa Perochon à Niort), les expositions et comme tout bon photographe, se consacre aussi au livre. Nous avons rencontré Frédéric Stucin pour qu’il nous parle de son travail qui a pris une nouvelle expression pendant le premier confinement…

 

De la streetphoto, tu es passé, pendant le premier confinement, à une photo de rue posée, travaillée qui nécessite un dispositif assez long. Est-ce un nouveau tournant dans ton parcours photographique, un retour aux sources à travers le travail de lumière considérable que tu as effectué ?

Parler de tournant me parait peut-être un peu prétentieux. Plus que de tournant, je préfèrerais parler de nouveau cheminement. Cela fait des années que je réalise des photos dans la rue en lumière naturelle et cela fait des années que je réalise des portraits en lumière artificielle. C’est la première fois que je réussis à réunir ces deux aspects de ma photographie. Je continue en ce moment d’utiliser ce dispositif pour un projet personnel que j’ai appelé …. la Source justement. Puis pour des résidences, l’une à Vichy et le festival Portrait(s), l’autre avec l’hôpital psychiatrique de Niort et la Villa Pérochon. J’essaie de ne pas l’épuiser pourtant, de ne pas en abuser. C’est difficile puisque cette manière de photographier est attirante et charmeuse, mais si le fond n’est pas présent, elle n’a plus aucun sens et ne se justifie pas.
 

Tu as intitulé ta série « Le décor », un décor très cinématographique ! On se croirait à la Cinecittà ? Est-ce qu’un cinéaste t’a inspiré pour créer ta lumière ?

L’intitulé de la série est venu presque immédiatement. C’était le titre qui résumait le plus justement mon sentiment face à cette situation inédite. Mon déclic est venu des magnifiques photographies réalisées par Charles Marville à Paris avant et pendant les grands travaux d’Haussmann. Puis le cinéma est arrivé naturellement, celui d'Aki Kaurismaki particulièrement. Celui de Jim Jarmusch et sa façon de filmer Detroit dans Only Lovers Left Alive, ou encore Carol de Todd Haynes avec la photographie époustouflante d'Edward Lachman. Mais un film sans bande son, c’est un peu triste. Alors je me suis laissé bercer par la musique que Nick Cave et Warren Ellis ont composé pour L’Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford d'Andrew Dominik.

As-tu beaucoup retravaillé les couleurs ?

Je les ai beaucoup pensées avant et pendant la prise de vue. Je choisissais le cadre et les scènes en fonction de ces couleurs. Ensuite, en post-production, j’ai seulement donner une cohérence entre toutes les images. Je n’ai pas effectué de retouche à proprement parlé. Je me suis concentré sur la luminosité, les contrastes comme lorsque je tirais mes négatifs sous un agrandisseur. C’est la partie longue et fastidieuse du projet mais nécessaire.

 

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